Le 25
Juillet 2013, le Togo vote pour les élections législatives visant au
renouvellement du Parlement. Ces derniers temps, des voix se sont levées pour
demander la suspension du processus. Afin de savoir un peu plus, la rédaction
de icilome.com, a tendu son micro au ministre sur 5 questions.
Dans cet entretien, Gilbert Bawara rassure et fait savoir que tout est fin
prêt. Pour ce qui est du séjour des deux chefs d’Etat, ivoiriens et Ghanéens
dans la capitale togolaise, Gilbert Bawara reste clair : « Ils sont venus
encourager les togolais à poursuivre cette campagne et à tenir les élections
du 25 juillet dans un climat de sérénité et de tranquillité (….) ».
Lire l’intégralité de l’Interview.
iciLome.com : Les élections sont prévues pour le 25 juillet.
Est-ce que tout est fin prêt pour le déroulement du scrutin ?
Gilbert Bawara : Bien sûr que tout est prêt. Comme vous le savez,
le code électoral actuel préserve l’essentiel des dispositions consensuelles
issues de l’Accord Politique Global (APG) et les acquis des scrutins
législatif et présidentiel de 2007 et 2010. Les modifications apportées au
cadre électoral consacrent plutôt des améliorations et renforcent les
conditions de transparence et de crédibilité du processus électoral. Sur le
plan technique et opérationnel, toutes les dispositions ont été prises et
tout est fin prêt pour la tenue effective du scrutin le 25 juillet.
iciLome.com : Deux ONG à savoir le GRAD et la SADD demandent
l’arrêt du processus. Comment cernez-vous cette demande en tant ministre en
charge de l’organisation des élections ?
Gilbert Bawara : Vous savez, on a deux types d’organisations de
la Société civile dans notre pays. Il y a les Organisations de la Société
civile qui sont présentes sur le terrain, qui œuvrent sur le terrain et aux
côtés des populations, qui sont à l’écoute des populations aussi bien dans
leurs aspirations que dans leurs préoccupations et qui mènent des actions
d’accompagnement des efforts des populations. Ce sont des ONG effectives et
opérationnelles.
De l’autre côté vous avez des organisations de la société civile qui sont en
réalité des appendices de partis politiques ou d’intérêts partisans et
sectaires. A leurs têtes se trouvent des politiciens qui ne désirent pas se
dévoiler ouvertement dans les partis politiques, qui s’abritent derrière la
Société Civile pour poursuivre des ambitions politiques. Les Organisations de
la Société civile dont vous parlez sont des organisations qui n’ont
d’existence qu’à Lomé. Je n’ai jamais vu nulle part à l’intérieur du pays,
des populations me parler du GRAD. Ce sont des organisations intellectuelles
qui n’existent qu’à Lomé et qui passent leur temps à produire des communiqués
et des rapports et qui prennent fait et cause pour une tendance politique
déterminée. Le GRAD est une base arrière d’intérêts partisans et dont les
accointances avec le Collectif Sauvons le Togo sont évidentes. M. Alipui n’a
jamais cessé, depuis 2005, de plaider pour un partage de pouvoir et de
chercher lui-même à jouer un rôle politique. Ces derniers mois et ces
dernières semaines il est resté dans cette logique en plaidant en faveur d’un
gouvernement de transition et en se voyant dans une position de médiateur
faiseur de rois, alors qu’une Société civile sérieuse devrait plutôt œuvrer
pour la préservation de la démocratie et pour des élections. Ce n’est pas
parce que ses ambitions ont été déçues qu’il doit avoir peur qu’il y ait des
élections et que les togolais aient la possibilité de s’exprimer. Je ne sais
pas comment on peut être société civile et refuser que les togolais aient
l’occasion et l’opportunité de s’exprimer quelque soit le sens dans lequel
ils vont le faire.
Au niveau du gouvernement, nous pensons que c’est une agitation totalement
stérile. Ce que le Collectif Sauvons le Togo n’a pas obtenu, c’est ce que le
GRAD et M. Alipui cherchent à obtenir. Nous n’accordons aucun crédit, aucune
importance à ce genre d’organisation de la Société civile et à ce genre de
propos.
iciLome.com : Ces organisations disent craindre pour un regain de
violences. Est-ce que les conditions sont réunies pour une élection sans
violence au Togo ?
Gilbert Bawara : J’aurais accordé un peu foi à ces allégations et
craintes s’il y avait des indices et des prémisses dans ce sens et si par
exemple depuis le début de la campagne électorale il y avait des incidents
ici et là, des actes de violences ici et là. En 2005, les violences étaient
visibles pendant la campagne électorale et nous le déplorons. C’est justement
parce qu’il y a eu 2005 qu’il ne peut plus y avoir de violences en 2013. Le
gouvernement en a tiré tous les enseignements. Nous nous sommes rendus
comptes que les effectifs, les capacités et les moyens d’actions de la police
et de la gendarmerie qui sont chargées du maintien de l’ordre et de la
sécurité publique étaient totalement insuffisants à l’époque. Nous nous
sommes rendus compte que, peut-être l’Etat avait été défaillant dans sa
responsabilité de prévenir et d’éviter qu’il y a des actes de violences. Des
efforts considérables ont été déployés, des moyens considérables ont été
mobilisés pour renforcer les effectifs de la police et de la gendarmerie,
pour améliorer leurs formations, pour les familiariser avec les principes
humanitaires et les principes du droit international relatif aux droits de
l’homme et pour faire en sorte que dans leur mission de maintien et de
rétablissement de l’ordre, elles veillent à préserver les libertés et les
droits de l’homme. Il peut y avoir de temps à autre des dérapages ou de
petits incidents mais des efforts colossaux ont été consentis. Surtout le
gouvernement ne permettra pas, quel que soit le bord politique auquel les
gens appartiendraient, qu’ils se livrent à la violence. Le gouvernement
n’acceptera pas et ne tolèrera pas que des leaders politiques, quel que soit
leur bord politique, incitent à la violence, à la haine et à l’intolérance.
Parce que nous avons collectivement, et particulièrement au niveau du
gouvernement, tiré les leçons de 2005, ce genre de situations ne peut plus se
reproduire. Sinon, cela signifie une faillite collective et cela voudra dire
que nous n’avons pas été instruis par des épisodes de blessures et d’épreuves
que nous avons vécues.
Ces organisations parlent dans le vide et ne sont pas en mesure d’avancer des
indices et des motifs fondés et valables, sauf à relayer et s’approprier les
intérêts et les préoccupations d’un bord politique qui est le Collectif
Sauvons le Togo. C’est leur droit mais ce serait beaucoup plus honnête qu’ils
s’engagent ouvertement au sein du CST. Les gens disaient que ce collectif est
un mouvement citoyen qui n’avait pas d’intérêts partisans. Mais avec cette
élection les masques sont tombées. Me Zeus Ajavon fait campagne pour des
intérêts particuliers. Peut-être que lui et certains de ses compagnons ont
peur que la réussite des élections ne sonne le glas du CST et que le jeu
politique redevienne normal.
Les Togolais sont sereins. La campagne se déroule normalement et tout cela
est à mettre à l’actif non pas seulement du gouvernement mais aussi des
togolais, des partis politiques et de tous les regroupements de partis
politiques. Tout cela est à mettre à l’actif des mesures d’apaisement et de
décrispation du climat politique auxquelles nous sommes parvenus à l’issue du
dernier round du dialogue sous l’égide de Mgr Barrigah avec l’implication et
le soutien des partenaires extérieurs.
iciLome.com : Les Présidents ivoiriens et nigérians ont séjourné
au Togo vendredi dernier et ont rencontré les acteurs politiques. Que faut-il
retenir de leur visite ?
Gilbert Bawara : Ils sont venus pour encourager et féliciter tous
les acteurs politiques, les candidats, le gouvernement, la société civile et
les médias parce qu’ils ont constaté qu’il y a un climat de décrispation et
la campagne électorale se déroule de manière pacifique. Ils sont venus
encourager les togolais à poursuivre cette campagne et à tenir les élections
du 25 juillet dans un climat de sérénité et de tranquillité, dans un esprit
de tolérance et de respect mutuel, à faire en sorte qu’il y ait des
conditions transparentes, fiables et crédibles, qui doivent être perçues
comme telles par l’opinion nationale et internationale. Ils sont venus
exhorter tous les acteurs afin que, quelque soient les éventuelles contestations
qui viendraient à émerger, que chacun privilégie les moyens légaux et les
voies de droit.
C’est un acte d’encouragement, c’est un acte d’exhortation mais c’est aussi
pour attirer l’attention des uns et des autres sur le fait que pour le
développement économique du Togo, pour le développement économique de notre
sous-région, nous besoin de paix et de stabilité. Si la paix et la stabilité
étaient mises en péril au Togo, c’est la paix et la stabilité de la sous
région ouest africaine qui seront également mises en péril. Ils sont venus
pour dire également que l’Assemblée nationale est le lieu par excellence du
débat démocratique et des réformes politiques et que ces élections sont une
étape et non une finalité. Au lendemain de ces élections, chacun doit
continuer à travailler dans un esprit d’ouverture afin que les réformes
politiques qui sont encore en instance puissent être rapidement réalisées
Ils sont venus nous dire qu’ils font confiance aux togolais pour continuer à
enraciner la démocratie et l’Etat de droit parce que la démocratie c’est à la
fois une volonté et un processus. Elle ne se décrète pas. Il peut y avoir des
imperfections, des difficultés mais nous ne devons pas nous enfermer dans nos
antagonismes du passé. Nous devons avoir à l’esprit l’intérêt général de la
population ; nous devons éviter d’enliser notre pays dans l’instabilité et
dans l’incertitude. Les opérateurs économiques ne peuvent continuer à
investir, de nouveaux investisseurs ne viendront pas investir pour créer
l’emploi et la prospérité s’ils ne savent pas s’il y aura des élections et à
quoi ces élections vont déboucher en terme de majorité ou de minorité, en
terme de gouvernement, en terme de climat des affaires.
Leur visite est un acte de soutien et de confiance mais aussi une initiative
qui vise à nous dire que nous les togolais nous ne sommes pas seuls et qu’ils
sont avec nous, qu’ils sont regardants y compris sur ceux qui seraient tentés
de poser des actes de violences.
iciLome.com : Avez-vous un message particulier à l’endroit des
togolais ?
Gilbert Bawara : J’adresse mes remerciements pour la maturité des
partis politiques et particulièrement celle que les togolais viennent de
démontrer et d’afficher. Malgré les appréhensions que les uns et les autres
pouvaient avoir, il est évident que les mesures d’apaisement qui ont été
prises récemment par le gouvernement, le climat de décrispation que le
dernier dialogue a favorisé, toutes les réformes du code électoral, les
modifications qui ont permis de renforcer les conditions de transparence, de
crédibilité du processus électoral, tout ce qui a été fait pour que cette
compétition électorale soit loyale, équitable notamment apporter les moyens
aux partis politiques pour qu’ils compétissent sur des bases égales pour
tous, ont rassuré les togolais qui sont dans une campagne bon enfant.
C’est également l’occasion pour dire que le jour du scrutin, quelques soient
les circonstances, quelques soient les difficultés qui peuvent survenir,
naturellement nous espérons que la CENI veille à ce qu’il y ait pas de
difficultés, chacun doit faire preuve de patience ; chacun doit aller voter
dans le calme, dans la sérénité et en confiance sans se laisser intimider par
qui que ce soit. Les togolais ne doivent pas avoir peur parce que le gouvernement
a pris toutes les dispositions pour garantir leur sécurité et celle de leurs
biens, pour les protéger.
Nous avons décidé de tourner la page du passé et il faut regarder vers
l’avenir et construire cet avenir ensemble. Les togolais peuvent avoir
confiance que les résultats qui seront issus des urnes refléteront leur
volonté. Qu’ils soient attentifs et qu’aucun parti politique, qu’aucun média,
qu’aucune organisation de la société civile ne les conduisent à
l’intolérance, à la haine d’un togolais contre un autre togolais, à la haine
qui serait fondée sur des considérations tribales, régionalistes. Nous devons
cultiver l’amour des uns et des autres, préserver l’harmonie dans la société.
Nous souhaitons et nous avons espoir que ces élections vont ouvrir d’autres
perspectives dans notre marche vers le développement économique et dans les
efforts pour satisfaire les besoins et attentes des populations. Pour que
nous arrivions à ce stade, à ces perspectives, il faut réussir impérativement
les élections. Que les togolais aillent voter massivement pour les candidats
et les candidates de leur choix et qu’ils retournent chez eux vaquer à leurs
occupations parce que le reste relèvera de la CENI et du gouvernement avec la
contribution des partis politiques. Pour les étrangers qui ont choisi notre
pays, pour y vivre et pour y investir, qu’ils soient sereins et confiants.
|