jeudi 17 juillet 2014

LES ETATS- UNIS ET LA MODIFICATION DES CONSTITUTIONS EN AFRIQUE

Les Etats-Unis mettent en garde contre les modifications des Constitutions en Afrique

Des  membres de la diplomatie américaine
Des membres de la diplomatie américaine
« Nous avons expliqué de façon très claire notre politique sur ce dossier. Le Président a dit au Ghana lors de son premier déplacement en Afrique que le continent avait besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts. Et parmi les institutions fortes il y a des Constitutions. Si des Constitutions prévoient des limites pour le nombre de mandats, eh bien, ces limites doivent être respectées. Nous avons très clairement découragé des dirigeants africains d’apporter des modifications à leurs Constitutions pour permettre à un homme ou à un parti de se maintenir au pouvoir plus longtemps que ne le permet la Constitution. Nous avons fait connaître ce point de vue à tous les dirigeants des pays où il y a des initiatives pour changer la Constitution. Le doute n’est pas permis, notre position sur ce dossier est très claire. » Ces propos ont été tenus le mercredi 09 juillet dernier par Linda Thomas-Greenfield, Secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires africaines des USA.
« Nous verrons comment y répondre si la situation se présente »
En réalité, la position des USA n’est pas nouvelle sur les velléités de modification des Constitutions en Afrique. On se rappelle en effet qu’en 2012 déjà, Abdoulaye Wade avait été mis en garde par les Américains sur sa volonté de modifier la Constitution sénégalaise. Il a réussi le tour de force mais a été battu dans les urnes.
En début d’année 2014, l’Envoyé spécial des USA pour les Grands Lacs, Russ Feingold, disait au sujet de la RDC, du Rwanda et du Burundi dont les tenants du pouvoir ne font pas mystère de leur intention de modifier leurs Constitutions : « Ce n’est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou de ceux qui sont au pouvoir ». Ce n’était encore que le stade des intentions pour ces différents pays et l’envoyé spécial d’ajouter : « Ce n’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verrons comment y répondre si la situation se présente ».
En avril à Bujumbura, Samantha Power, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies avait déclaré après sa rencontre avec le président Pierre Nkurunziza : « Nous encourageons le respect de la Constitution et de l’Etat de droit ».
Le Secrétaire d’Etat américain lui- même a marché dans le sillage le mois suivant. Lors de sa visite à Kinshasa, John Kerry a déclaré : « Je crois que le président Kabila a clairement en tête le fait que les Etats- Unis d’Amérique sont intimement convaincus (…) que le processus constitutionnel doit être respecté ».
« L’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts » disait le président américain Barack Obama en 2009 à Accra au Ghana. Il n’a pas manqué de le rappeler aux dirigeants africains fin 2013 lorsqu’il était en Afrique du Sud pour les obsèques de Nelson Mandela. Il a averti tous ceux « qui se réclament de Madiba mais se gardent de mettre en pratique la moindre réforme pour endiguer les inégalités. Les cyniques qui osent parler de Liberté, une liberté qu’ils n’accordent pas à leur peuple ».
Un sommet USA- Afrique sans les mauvais élèves
Très claire donc, la position des USA sur ce dossier. Et ils l’ont souvent répétée et même traduite en actes quand l’occasion leur en a été donnée. Tenez ! Dans la perspective du sommet USA- Afrique qui se tient les 04, 05 et 06 août prochains au pays d’Obama, le Président américain a invité 47 chefs d’Etat africains. 07 présidents n’ont pas eu ce privilège pour cette première dans les relations entre les USA et l’Afrique : il s’agit de ceux de la Centrafrique, d’Egypte, d’Erythrée, de la Guinée- Bissau, de Madagascar, du Soudan et du Zimbabwé. Ces derniers aux yeux des USA ne seraient pas de bons élèves en matière de respect des règles démocratiques et/ou accorderaient peu de place aux droits de l’homme.
La position de la France attendue
De Brazaville à Kigali et de Ouagadougou à Kinshasa, où il souffle comme un vent des révisions constitutionnelles, l’Administration Obama ne fait plus mystère de sa position sur le sujet. Une position rappelée par l’Ambassadeur américain au Faso le 04 juillet dernier lors de l’anniversaire des USA lorsqu’il disait : « Au fil des années, nous avons clarifié ce que « Egalité » signifiait et formulé 27 Amendements à la Constitution. La plupart des amendements ont élargi les libertés de l’individu. Les autres ont délimité le pouvoir du gouvernement, comme le 22è Amendement limitant la présidence à deux mandats. Aujourd’hui, nous, Américains, restons unis sur la base de notre entendement que nous sommes tous créés égaux et dotés de droits inaliénables, y compris le droit de participer au gouvernement. (…) Du peu d’expérience que j’ai pu acquérir au cours de mes quelques mois de séjour ici, je vois que le Burkinabé possède non seulement la résilience, mais aussi et surtout le courage et la détermination pour atteindre ce même objectif ». Un message bien reçu quoique interprété diversement. La partition américaine jouée localement leur jour de fête nationale, ils sont nombreux ceux qui attendent la position de la France le 14 juillet prochain, jour de fête nationale du pays de De Gaulle.
Source: Lefaso.net