mercredi 31 décembre 2014

FAURE GNASSINGBE: MES VOEUX POUR 2015





Togolaises, Togolais
, Mes chers compatriotes,
Quelques heures seulement nous séparent de l’année 2015. C’est avec un cœur plein de reconnaissance que nous nous tournons vers le Dieu Tout Puissant, pour les douze mois qui viennent de s’écouler et pour la grâce qui nous est accordée, de franchir le seuil d’une année nouvelle.
Je m’adresse à vous en cette occasion solennelle, pour présenter à chacune et à chacun, mes vœux les plus sincères de santé, de bonheur et de prospérité, pour la nouvelle année.
Je souhaite ardemment que la paix règne dans les cœurs et que l’esprit de concorde se consolide, à tous les niveaux, pour le bien de notre pays le Togo.
Mes vœux s’adressent à toutes les Togolaises et à tous les Togolais, sans exclusive, y compris ceux qui vivent hors de nos frontières.
Naturellement, je forme des voeux tout particuliers pour nos valeureux militaires que le devoir garde éloignés de la mère patrie. Je souhaite que l’écho de ces vœux résonne jusqu’à eux et qu’ils trouvent à travers ma voix, l’expression de notre reconnaissance collective pour tous les sacrifices qu’ils consentent au service de la nation et pour leur engagement en faveur de la sécurité et la paix sur notre continent et dans le monde.
J’adresse aussi mes vœux les plus chaleureux à nos frères et sœurs des pays amis qui résident en terre togolaise et partagent quotidiennement nos joies et nos peines.
A tous ceux qui ont été éprouvés par la maladie, qui connaissent la solitude et le dénuement, je forme le vif souhait que l’année 2015 leur apporte un peu plus de chaleur humaine et de réconfort.
C’est mon souhait le plus ardent que les jours et les mois à venir nous procurent de nouvelles occasions, de vivre avec plénitude, la communauté de destin qui nous lie depuis des décennies.
Togolaises, Togolais
Mes chers compatriotes,
L’année qui s’achève, nous a confortés une fois de plus dans la certitude, qu’il nous appartient de construire l’avenir, de hisser continuellement notre cher pays le Togo vers la cime du progrès et de la modernité.
Après le chemin que nous avons parcouru ensemble ces dernières années grâce à Dieu, avec la part des défis majeurs que nous avons relevés, je souhaite que chaque Togolaise et chaque Togolais, quelle que soit son appartenance politique prenne, au seuil de cette nouvelle année la juste mesure des enjeux auxquels notre pays est aujourd’hui confronté.
L’heure est venue de nous ressouder autour des valeurs essentielles qui nous guident depuis toujours : la paix, la cohésion nationale le progrès économique et social, la modernité pour le Togo.
Si nous parvenons au cours de l’année qui vient, à être à la hauteur de ces exigences fondamentales ; si nous parvenons à en faire le fil conducteur de toutes nos actions, alors nous aurons réussi à nous frayer un chemin plus prometteur vers ce que nous recherchons tous : un Togo où il fait mieux vivre pour tous les citoyens.
Pour y parvenir, encore faut-il que nous ne perdions pas de vue l’essentiel. Encore faut-il que nous sachions faire preuve de discernement, dans le tumulte ambiant.
Nous sommes témoins chaque jour des crises identitaires qui traversent les sociétés contemporaines et qui les conduisent à rechercher leur voie, parfois au prix de heurts et de soubresauts ruineux. Dans ce contexte agité où chaque nation cherche des repères, il nous appartient de faire preuve de réalisme et d’inventivité, en tenant compte de notre parcours, des étapes que nous avons su franchir et surtout des défis qu’il nous reste à relever.
Tout l’enjeu, mes chers compatriotes est de ne pas nous éloigner, à aucun moment, de ce qui compte réellement pour nous-mêmes et pour le Togo de demain. C’est notre commune responsabilité d’éviter les faux raccourcis, les chemins de traverse qui peuvent retarder et différer l’avancée du Togo vers les grands desseins qu’il s’est fixés.
A l’heure du bilan, chaque Togolaise et chaque Togolais a la responsabilité devant l’histoire, de faire la part des choses, de mesurer en toute conscience, la portée de nos acquis pour que nous puissions dessiner ensemble les contours de l’avenir, dans l’harmonie.
Ce que nous avons pu faire ensemble ces dernières années dans le domaine économique et social, mérite que nous en prenions le plus grand soin, que nous en tenions compte dans la construction de l’avenir.
C’est ma conviction profonde qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun Togolais, de renouer avec les errements que nous avons mis tant d’années et tant d’énergie à combattre.
Pour autant, nos choix ne doivent pas nous conduire à faire le lit de l’immobilisme. Notre quête de progrès doit nous inciter à être attentif au monde qui bouge autour de nous. À être ouvert aux débats, aux idées nouvelles, pourvu que celles-ci soient constructives et surtout guidées par la recherche du bien commun.
Je constate à cet égard que le débat sur les réformes politiques a pris ces derniers mois une vive tonalité dans la classe politique. Dans la foulée, le projet de réforme constitutionnelle introduit en juin 2014 n’a pas recueilli l’adhésion de la Représentation nationale.
Je note également, que la proposition de réforme initiée récemment par certains partis, est en cours d’examen.
Quelle que soit l’issue qui lui sera réservée, il me paraît dès à présent fondamental de dépasser les contingences immédiates pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur, dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale.
A cet effet, et conformément à la huitième recommandation du Rapport de la Commission Vérité Justice et Réconciliation qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles dans le cadre d’une réflexion approfondie sur l’adaptation du modèle en vigueur dans notre pays à nos réalités sociologiques, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place. Cette commission sera composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile.
Sa mission consistera à proposer dans les meilleurs délais et conformément à l’approche préconisée par la CVJR, un texte de réforme politique, de réforme institutionnelle et constitutionnelle qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations les plus profondes des Togolaises et des Togolais.
Je souhaite vivement que cette initiative contribue à nourrir le débat et à restaurer davantage de sérénité dans ce débat politique.
C’est dans notre intérêt à tous que l’année nouvelle qui commence nous ouvre véritablement un nouvel horizon de cohésion et de fraternité, grâce auquel nous serons en mesure de créer un front commun plus soudé, face aux défis pressants qui nous attendent.
Togolaises, Togolais
Mes chers compatriotes,
Qu’il me soit permis, au regard des nombreux défis qui se dressent à l’horizon, d’évoquer quelques-uns des domaines, parmi tant d’autres, où nous devons intensifier nos actions. Ces domaines méritent toute notre attention, car les progrès que nous y avons enregistrés, ont une forte valeur de symbole.
Dans ce monde où rien n’est donné, dans ce monde où, pour chaque communauté humaine, tout acquis durable est la contrepartie des efforts collectifs, la nation togolaise a aujourd’hui le privilège de poursuivre son épopée vers le développement économique et social dans un climat de stabilité.
Ce climat de stabilité s’est considérablement affermi. Comme vous le savez et face aux menaces et aux risques qui chaque jour surgissent dans le monde mais aussi dans notre région, j'ai pris la décision il y a un an de refonder notre système de défense et de sécurité pour garantir la stabilité indispensable au développement de notre cher pays, le Togo.
L’organisation territoriale en deux régions militaires, de gendarmerie et de police nationale assure désormais une cohérence profonde de l’ensemble de nos forces de défense et de sécurité.
Elle permet un maillage efficace de notre territoire national pour répondre à toute intention malveillante, mais nous donne aussi une plus grande capacité d'intervenir aux côtés de nos amis et alliés.
En allant au plus près de nos populations, tous ceux qui sont en charge de sa sécurité font chaque jour la preuve de leur engagement et de leur détermination à être à son service, sans aucune autre considération que celle d’œuvrer au bien commun.
Aussi sommes-nous déterminés à poursuivre au cours de l’année nouvelle, les efforts pour donner à notre défense les moyens nécessaires pour assurer sécurité et stabilité à notre communauté nationale, dans un environnement de plus en plus marqué par les incertitudes et des défis multiformes.
Togolaises et Togolais
Mes chers compatriotes,
Nous devons progresser et nous progressons année après année, parce que nous avons choisi de combattre l’immobilisme dans tous les domaines.
Nous progressons, parce que nous avons résolu de chasser la précarité dans ses plus petits recoins.
Nos actions se fondent sur la conviction profonde qu’il est de notre responsabilité de rendre possible un Togo meilleur.
Un Togo dans lequel, les plus vulnérables et les plus démunis se sentiront de plus en plus soutenus et épaulés, dans leur quête légitime d’une existence plus décente et d’un meilleur avenir.
En janvier 2014, nous lancions avec beaucoup d’espoir, le Fonds national de la finance inclusive. Dieu merci, nos attentes n’ont pas été déçues.
En effet, sept mois seulement après sa mise en œuvre, le premier produit du FNFI baptisé « Accès des pauvres aux services financiers » a permis de toucher plus de 300,000 personnes sur l’ensemble des préfectures que compte notre pays. L’adhésion de nos populations à ce programme est très encourageante.
Pour l’année 2015, le FNFI et les prestataires de services financiers franchiront un nouveau cap, avec la mise sur le marché de deux nouveaux produits. Ces nouveaux produits permettront de prendre en compte les besoins spécifiques de deux cibles majeures de la politique d’inclusion financière du Gouvernement.
Il s’agit des agriculteurs et des jeunes.
Confinés dans les milieux ruraux défavorisés, les agriculteurs ont besoin que la finance inclusive s’adapte à leurs besoins particuliers.
Au cours de la nouvelle année, nous serons donc particulièrement attentifs à leur situation, en leur proposant, des produits innovants, leur donnant la possibilité de sortir de l’extrême précarité, en initiant des activités plus rémunératrices.
Pour ce qui concerne les jeunes, bien souvent, ils ont appris un métier mais peinent, faute de moyens financiers, à lancer une activité génératrice de revenus.
Le FNFI mettra à leur disposition un nouveau produit adapté à leurs besoins. Cette nouvelle offre leur permettra au terme de leurs formations, d’accéder aux microcrédits, pour prendre pied dans le monde du travail, en démarrant une première activité concrète, génératrice de revenus.
Nous continuerons à mettre un accent tout particulier sur la lutte contre la précarité, en poursuivant également et avec la même détermination, la réorganisation du secteur informel. Nous allons intensifier les actions engagées pour valoriser davantage l’apport de ces nombreux de corps de métiers qui ne sont pas suffisamment pris en compte par le circuit formel de production nationale. Leur contribution à la création des richesses nationales sera davantage prise en compte et mise en valeur dans l’intérêt même de notre économie.
Togolaises, Togolais,
Mes chers compatriotes,
Saison après saison, année après année, nous mesurons par nous-mêmes, à quel point il nous est possible de repousser les frontières de l’exclusion économique et sociale.
Cette dynamique sera maintenue et approfondie, grâce à des efforts assidus et à la préservation de la cohésion nationale.
Au jour le jour, nous nous rendons compte à quel point le rêve d’une nation togolaise accomplie peut prendre progressivement corps, si nous ne perdons pas de vue les priorités de l’heure.
Alors que la maladie à virus Ebola continue de faire des ravages, nous devons rendre grâce à Dieu que les efforts de sensibilisation déployés dès l’apparition de l’épidémie aient permis de préserver notre pays.
La sensibilisation doit cependant se poursuivre avec une intensité accrue afin que la vigilance des populations ne faiblisse pas.
Chaque citoyenne et chaque citoyen doit continuer à s’approprier les consignes de prévention données par les services de santé.
Je réitère donc, au seuil de cette nouvelle année, mes souhaits de bonne santé à chacune et chacun d’entre vous, non pas comme un simple vœu, mais comme un véritable appel à une vigilance de tous les instants.
Togolaises Togolais,
Mes chers compatriotes,
Un rendez-vous important nous attend en 2015. Il s’agit de l’élection présidentielle. C’est une échéance cruciale.
Son succès dans la paix, la transparence et l’équité contribuera à affermir l’irréversibilité de notre choix en faveur de la démocratie et du pluralisme. Il revient dès à présent, à tous les acteurs politiques de faire preuve de retenue, de responsabilité et de dignité. Le succès attendu doit être au rendez-vous et, le moment venu, célébré comme une victoire du peuple togolais et de sa démocratie.
Pour ma part, je me porte garant de la bonne tenue du scrutin. L’Etat se montrera inflexible à tous les niveaux, face à toute tentative visant à remettre en cause la paix et la stabilité dont jouissent les Togolais.
Je vous invite tous à prendre activement part à toutes les étapes du processus électoral.
Avec l’élection qui vient, c’est la parole qui est donnée aux citoyens.
Vivement qu’ils s’expriment massivement à cette occasion et que, par leur choix souverain, ils indiquent la voie à suivre, sur tout ce qui engage l’avenir de notre jeune nation.
Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse 2015. Bonne fête dans vos foyers respectifs et que Dieu bénisse notre cher pays le Togo.

mardi 30 décembre 2014

FABRE BLOQUE LES REFORMES


Réformes constitutionnelles : A quoi jouent Fabre et L’ANC ?



   

Togo  - C’est connu de tous. Et ce, depuis toujours. Les hommes politiques togolais sont faciles à soudoyer, prêts à se rallier au pouvoir dès qu’il s’agit d’assouvir leurs intérêts personnels. Le cas le plus emblématique a été celui de Gilchrist Olympio. Aujourd’hui, son ancien lieutenant Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, pourra-t-il, jusqu’au bout, mettre la patrie avant sa personne. Parviendra-t-il à créer le mouvement qui permette d’arracher les réformes que notre peuple souhaite de tous ses vœux ? Des zones d’ombres apparaissent quand on agence les actes que pose l’ANC et ceux qu’elle ne pose pas. Beaucoup de questions pour peu de réponses, ce qui complique davantage l’état de notre démocratie une fois encore à l’épreuve d’une classe politique togolaise insondable.

L’attitude des principaux responsables de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) sur la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles, de plus en plus, suscite de la curiosité et demande qu’on cherche à y voir plus clair. Certains, comme l’a fait de façon tendencieuse et brouillonne Jean Kissi, ont déjà franchi le pas pour imputer le blocage aux responsables de l’ANC, les accusant tacitement de haute trahison. La situation mérite plutôt des démarches plus structurées sur lesquelle Fabre et les siens devront se prononcer. On se rappelle que le pouvoir RPT/UNIR a refusé de faire ces réformes qui se trouvent dans l’Accord Politique Global (APG) qu’ils ont signé avec l’opposition et la société civile sous l’égide de la communauté internationale, laquelle, il faut l’avouer, est fatiguée des problèmes togolais et les violences à répétition qui font jour à chaque période électorale.

Quelques repères

Plusieurs tentatives de faire plier le pouvoir de Faure sur ces réformes ont échoué, notamment avec le cadre Permanent de Dialogue et de Concertation, les dialogues Togo-Télécom et autres. En juin 2014, le pouvoir a même organisé une mascarade en déposant un supposé projet de loi constitutionnelle et en s’organisant pour le faire rejeter par la majorité UNIR. Il faut rappeler cependant, pour mémoire, que lorsque ce projet avait été déposé en mai, il a été comme tout projet de loi, discuté au niveau de la conférence des présidents et de la commission qui en est chargée. C’est la commission des lois constitutionnelles où avaient siégé Patric Lawson, Isabelle Ameganvi pour le compte de l’ANC.

Après la mascarade de rejet du projet, le pouvoir avait déclaré la page des réformes définitivement tournée alors même que ces réformes sont censées permettre la mise en route d’une meilleure démocratie au Togo puisqu’elles concernent la limitation de mandat, un scrutin présidentiel à deux tours, le réaménagement des pouvoirs du premier ministre, etc. ces réformes doivent rapprocher la constitution togolaise de sa version originale de 1992. C’est dire quel est l’intérêt du peuple togolais à les avoir. Les déclarations de ministres et même du président de la cour constitutionnelle Aboudou Assouma indiquant que la page des réformes est définitivement tournée a donc été source d’un grand désarroi au sein de la population. Cela était d’autant plus déplorable que le président Faure Gnassingbé a plusieurs fois promis respecter l’APG et faire ces réformes. La CVJR qu’il avait créé avec fanfare et trompette a même mis ces réformes au centre de réconciliation nationale. Le gouvernement Awoumey Zunu 2 suite aux élections législatives de juillet 2013 a même fait du projet une de ses priorités approuvées par l’Assemblée. Comme à l’accoutumée, le pouvoir fera volte-face, sans état d’âme. En a-t-il jamais eu ? Beaucoup ont pensé que Blaise Compaoré avait quelque chose à voir dans cette volte-face de notre président dribbleur. Vrai ou faux ? Dieu seul sait.

Heureusement, que Blaise Compaoré va tomber comme un fruit mur le 30 octobre en essayant lui-même de forcer le passage pour se faire président à vie. Cette situation a changé les choses sur le plan international et dans la sous-région ouest-africaine. La pression de la communauté internationale sur Lomé s’est faite plus forte. Notre opposition, au lieu de faire les choses comme ont fait leurs homologues au Burkina ont tout bonnement substitué l’esprit de révolution par celui sans lendemain de l’élection présidentielle, avec une liste sans fin de candidats déclarés.

C’est ainsi que certains partis d’opposition (ADDI de Aimé Gogué et le CAR de maître Dodji Apévon) ont déposé une proposition de loi portant sur 13 articles de la constitution pour permettre que cette réforme soit opérée. Il s’agit pour l’essentiel de la limitation des mandats présidentiels (5 ans renouvelables une fois), le retour des élections présidentielles à deux tours, la réforme de la cour constitutionnelle, le réaménagement des pouvoirs du premier ministre, un poste actuellement réduit à celui de simple valet au service du chef de l’état, etc… L’ANC qui n’avait pas voulu de cette proposition de lois s’y est finalement jointe quand la population et les chancelleries ont marqué leur adhésion à cette initiative. Mais dès qu’elle a accepté de s’associer à l’initiative sous la contrainte populaire pour que l’opposition ait le nombre de députés nécessaire (1/5ème) pour déposer la proposition, l’ANC a commencé des manœuvres qu’on pourrait assimiler à une volonté de bloquer l’étude et l’adoption dudit projet.

Le document annexe qui retarde 

La première action a été un document que l’ANC a fait signer aux autres partis de l’opposition pour que ceux-ci ne proposent et/ou ne s’associent à aucun amendement de la loi. Pour l’ANC la proposition de loi telle que envoyée est à prendre ou à laisser. Elle ne doit subir aucun amendement. Cette position est bizarre puisque même dans les démocraties les plus dures, une loi qui arrive à l’assemblée est discutée et amendée, ne serait-ce que sur la forme avant d’être adoptée. Dire donc que la proposition est « à prendre ou à laisser » cache mal une anguille sous roche ou du moins suscite la question de savoir de quel plan B dispose ce parti pour faire passer son document annexe. Plusieurs sources rapportent qu’après, l’ANC a mis en branle une campagne qui suggère que rien n’est à discuter ou à négocier. Pour elle l’APG a déjà prévu les réformes et il suffit donc de les respecter en les appliquant. Le très flottant leader du NET, l’apprenti politicien Taama Gerry encore récemment allié de Fabre, saisira l’occasion pour railler : « le temps n’est plus aux incantations inutiles »

La frange dure du parti au pouvoir organisée autour d’Ingrid Awadé, le colonel Biténéwé (conseiller à la présidence) et monsieur Walla, directeur de la Caisse nationale de Sécurité Sociale (CNSS) trouve un alibi, se pourlèche les babines puisque c’est ce qu’elle veut. Ces caïds, visages de notre état de terreur, affirment que « Faure doit s’opposer aux réformes et on verra ce qui va se passer ». L’ANC, sans le savoir ou sciemment, offre ainsi à la bande des vieillots qui imposent leur autorité à la nation entière une aubaine pour tout bloquer jusqu’aux élections présidentielles.

En clair, l’ANC et le pouvoir Faure Gnassingbé travaillent dans une synergie qui ressemble à un concert arrangé puisque Faure Gnassingbé qui est mis sous pression par la France cherche exactement ces genres d’opportunités pour ne pas faire les réformes avant les élections présidentielles et dire que c’est l’opposition qui a tout bloqué. Pour ce faire, le président et les caciques de son parti affirment que si l’ensemble de l’opposition ne fait pas de concessions, même si la majorité qualifiée est obtenue pour faire passer les réformes ils mettront le veto. Autrement dit, ils veulent une unanimité qui n’existera jamais. Donc faisabilité nulle.
La stratégie du pouvoir est claire. Ne pas faire les réformes avant les élections présidentielles. L’après correspond à la volonté du chef de l’état qui veut écrire par perte et profit les 2 premiers mandats et si nécessaire celui qui va commencer en 2015. On s’attendait que Jean- Pierre Fabre voie ce gros piège, qu’il devance les évenement et, en bon leader, trouve de concert avec ses amis de l’opposition les moyens d’y précipiter les auteurs au lieu de s’y laisser prendre. Il faut pour cela du génie, l’effacement de soi et surtout ce que les Américains appellent «the ability to lead from the back » (la capacité de diriger en tenant une position arrière). Ce qui est bizarre, c’est que l’ANC ne dit pas clairement qu’elle veut les réformes avant les prochaines présidentielles mais se contente de jouer dans la cour de Faure Gnassingbé et le régime RPT-UNIR.

Quand le pouvoir gagne du temps …

La deuxième étape dans cette stratégie de l’ANC a été de rejeter toutes les propositions de concessions faites et notamment celle faite dernièrement par la société civile. En effet, face au blocage et à l’alibi offert à Faure Gnassingbé et sa clique de bloquer les réformes une nouvelles fois en se cachant derrière un refus de l’opposition de faire des concessions, un Groupe dit de Médiation a fait des propositions. Il s’agit d’insérer dans la loi constitutionnelle une disposition transitoire qui permet de régler le problème de rétroactivité ou non de la loi. Cette disposition suggère que «Les dispositions de l’article 59 s’appliquent à compter du mandat qui court de 2010 à 2015 ». Il est vrai que l’idée d’une disposition transitoire dans une constitution n’est pas du goût de beaucoup de gens mais le chef de file de l’opposition a t-il cherché à organiser une rencontre citoyenne de réflexions et d’analyse avec ce groupe ? Non ! Répondent nos investigations. A cause d’une opposition inconsistante, le vent de Ouaga s’apprête à coutourner une fois encore le Togo.

A y voir de près, cette disposition du « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » du Groupe de Médiation partage la poire en deux. Elle a, à l’analyse, le mérite de couper l’herbe sous les pieds d’un parti extrêmement radical qui ne veut pas entendre parler de réduction de son champion, Faure, à une seule possibilité de mandat. Ce régime veut qu’il soit mis simplement dans la loi que « conformément aux principes généraux du droit, la disposition sur la limitation de mandat n’est pas rétroactive », un libellé qui devait plutôt permettre au président togolais d’avoir encore deux possibilités de mandats s’il arrivait à se faire élire.

Le pouvoir met donc en œuvre ses batteries. L’ANC, par ignorance ou à dessein, refuse de les voir venir. En réalité, le régime RPT-UNIR fait tout pour renvoyer les réformes après les élections de 2015, ce qui permet à Faure de dire tranquillement que ses mandats de 2005-2010, 2010-2015 ne comptent pas et arguer que comme les élections de 2015 aussi se sont passées sous le régime de l’ancienne constitution, le mandat commencé en 2015 aussi ne compte pas. Dans les cercles du régime, ces prolongations sont d’autant plus nécessaires qu’il n’est pas question de quitter le pouvoir. Trop d’intérêts à perdre, trop de compte à rendre ! De plus, le pouvoir pense que la pression internationale va s’essouffler et que dès que François Hollande quittera le pouvoir, il n’aura plus rien à craindre avec la Droite. Le maffioso de la Droite française promet déjà aux dictateurs africains prêts à financer sa campagne qu’eux autres ne tiendront pas les mêmes discours que ceux tenus à Dakar par Hollande. La stratégie du régime est donc claire : reporter les réformes le plus possible. L’ANC sait-elle qu’elle fait le jeu de UNIR ? Fabre et les siens voient-ils tous ces complots qui se trament une fois encore contre le pauvre peuple togolais ? Que compte faire le plus grand parti de l’opposition pour éviter le pourrissement si l’on sait que la rue, après les douloureuses péripéties de trahisons en cascade, aura du mal à gronder avec la même force que dans les années 90.

… Et que l’ANC lui donne une main secourable

Dès que le CAR et l’ADDI ont demandé avant Noël que la conférence des présidents se penche sur le projet, UNIR a refusé, arguant de ce que l’opposition ayant attaché à sa proposition un texte signé des trois partis (ADDI, ANC, CAR), il n’est pas possible d’entrer en discussions au niveau de l’assemblée sur ledit texte. En clair, le parti au pouvoir se saisit une nouvelle fois de l’occasion donnée par l’ANC pour jouer les prolongations. En effet, c’est le parti de Fabre qui a imposé ce communiqué de « non amendement » joint à la proposition de loi aux autres partis de l’opposition. L’ADDI et le CAR vont forcer les choses et sous le coup de la menace d’appeler le peuple à témoin, vont obliger le bureau de l’assemblée nationale et UNIR à accepter les discussions qui ne commenceront finalement que le 24 décembre, veille de Noël. Ce jour là, coup de tonnerre, l’ANC sort encore des arguments qu’on peut en réalité qualifier de « ralentiseurs » et qui, même s’ils sont supposés justes, sont de nature à aider le pouvoir dans sa stratégie de report sine die des réformes.

En effet, les discussions devant la dite commission ont commencé le matin du mercredi 24 conformément au règlement intérieur de l’assemblée. Dès l’ouverture des débats, les membres de l’ANC, en l’occurrence maîtres Georges Latévi Lawson et Adama Doe-Bruce vont s’évertuer à tout bloquer. C’est ainsi que ces deux avocats vont soulever une motion de procédure en invoquant le fait que la commission des lois constitutionnelles à laquelle la proposition de loi a été envoyée pour discussion n’a pas compétence pour en débattre parce que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne lui donne pas ce pouvoir. Pour eux, une proposition de loi constitutionnelle ne peut pas être discutée en commission parce que la loi ne le dit pas expressément alors que la loi prévoit expressément le cas des autres textes.

Pour les deux avocats visiblement en service commandé, la proposition de loi de l’opposition doit être directement envoyé en plénière pour être discutée sans être au préalable débattue par la commission. Cette argumentation est bizarre et ne se comprend pas du tout. Ont-ils raison ou tort ? Dans l’un ou l’autre cas, prêchaient-ils pour leur paroisse ou pour celle du RPT/UNIR ? Voyons un peu ce qu’il en est : en effet, le règlement intérieur de l’assemblée nationale prévoit dans le paragraphe 1 de son article 34, une « commission constitutionnelle et de la législation de l’administration générale ». Par ailleurs, le paragraphe 1 de l’article 39 du même règlement intérieur qui fixe les attributions des commissions dit clairement que « les commissions sont saisies à la diligence du président de l'Assemblée nationale de tous les projets ou propositions de lois entrant dans leur compétence ainsi que des pièces et documents s'y rapportant ». Il n’est nulle part prévu des
Exceptions ou des lois qui ne doivent pas être discutées en commission. Il devient difficile de comprendre les arguments des avocats de l’ANC. Ce que prévoit le règlement n’est-il pas clair sur la commission qui a compétence pour discuter les lois constitutionnelles et sur son rôle ? A-t-on besoin d’être juriste et de sortir de la Sorbonne pour comprendre cela ?

Par ailleurs, lorsque le régime RPT-UNIR avait déposé son projet de loi en mai 2014 qui sera rejeté en juin, c’est devant cette même commission que les discussions ont eu lieu. Quand cet argument a été évoqué pour défier les développements bizarres des membres de l’ANC, les deux avocats ont affirmé que s’ils avaient discuté en juin le projet du gouvernement dans ce même cadre, c’était juste de façon amiable et sous forme de « gentlemen agreement ». Ici, la question est de savoir pourquoi le « gentlemen agreement » ne peut plus marcher cette fois-ci, surtout qu’il y a besoin de parer au plus pressé ? Sur la base de ces arguments flous, maîtres LAWSON et DOE-BRUCE exigeaient du Président de la Commission et du Bureau de l’assemblée nationale de renvoyer l’affaire à la Cour Constitutionnelle pour être tranchée.
En réalité, il s’agit pour nos deux avocats du diable ( ?) de bloquer le travail de la commission, de gagner du temps et d’arriver, exactement comme le veut en cachette RPT/UNIR, en 2015 sans aucun accord. La possibilité des réformes avant les élections ferait-elle peur à l’ANC ? La question vaut la chandelle parce ce que Gilchrist Olympio a fait au Togolais est trop douloureux pour qu’on ne craigne pas sa répétition ne de la part de ses anciens collaborateurs.

Profitant de cette manœuvre qui épouse les calculs secrets du RPT du régime RPT-UNIR, le Président de l’assemblée nationale qui doit se frotter les mains a décidé de suspendre les débats pour envoyer la question à la décision de la cour constitutionnelle. Ce faisant, l’ANC permet au pouvoir de gagner du temps en repoussant la question des réformes progressivement vers l’après élections présidentielles de 2015. Faure pourra ainsi librement faire trois mandats qui ne seront pas pris en compte dans les réformes.

Beaucoup de questions, peu de réponses

Mais une question se pose : pourquoi l’ANC a ce genre d’attitude ? Le problème est simple. Si ce parti accepte aujourd’hui de jouer le jeu du pouvoir, c’est parce que pour des intérêts personnels et partisans, il ne voudrait pas les réformes dans l’immédiat. Et pour cause. Si les réformes sont adoptées aujourd’hui sur la base des propositions de loi de l’opposition, il y aura un scrutin présidentiel à deux tours en 2015. Or, tout porte à croire que l’ANC, dans l’immédiat, ne veut pas de scrutin à deux tours. Les raisons les plus plausibles ?

Le chef de l’ANC veut être candidat unique. Or, la dynamique de candidature unique ne se justifie vraiment que si les élections présidentielles sont à un tour comme cela est le cas aujourd’hui. S’il y a scrutin à deux tours, tout le monde sera d’accord que chacun se présente au premier tour et que l’union de l’opposition autour d’un candidat se fasse au deuxième tour. Cette situation est nuisible à l’ANC sur le plan financier.

D’abord, l’absence de dynamique de candidature unique va empêcher l’ANC et Fabre de continuer de lever les fonds dans la diaspora comme ils le font actuellement. Le parti a visiblement peur de cela. Ensuite, il nous est revenu que lors de la dernière rencontre entre Faure et Fabre, 60% du temps a été consacré au financement de l’opposition par le gouvernement lors des élections. Ce qui voudrait dire que pour Jean pierre Fabre, une chose est claire : si financement il doit y avoir, c’est à lui en tant que candidat unique et chef de file de l’opposition que cela doit aller. Pas à un autre. Cette revendication, disparaît si on se retrouve dans le cadre des élections à deux tours et si l’opposition doit avoir d’autres candidats. Conséquence, le financement du gouvernement à l’opposition ira aux candidats et non au candidat unique ou au chef de file de l’opposition. Il sera émietté et Fabre n’aura pas le pactole. Est-ce pour ces intérêts pécuniaires que l’ANC préfère sacrifier la volonté du Peuple togolais et se jeter dans les bras du régime RPT-UNIR dans sa stratégie de refus des réformes. Est-ce pour la même raison que nous assistons déjà à cette multiplication effrénée et sans retenue des candidats ? La démocratie est vraiment à l’épreuve du sacré Togo !

L’autre problème de monsieur Fabre, à ce qu’on voit, est que le candidat de l’ANC pourrait craindre qu’en faisant des élections à deux tours avec d’autres candidatures de l’opposition, quelqu’un d’autre ne le dépasse au premier tour – le peuple est versatile – ce qui va lui faire perdre la place de chef de file de l’opposition qu’il revendique fièrement aujourd’hui, parfois à cor et à cris. Fabre prête le flanc à la critique. Trop de gens lui reprochent la même chose: son incapacité à rassembler les différents courants du bord dont il se réclame le leader. Cela le rend vulnérable et, conséquemment, rend facile toute idée pouvant lui prêter l’intention de ne voir que sa personne, d’être capable lui aussi, àl’instar de son ancien mentor, d’abandonner les revendications du peuple et laisser filer les réformes que souhaitent 85% des Togolais toutes tendances confondues, lesquelles réformes le pouvoir, par mauvaise foi gravissime, traîne des pieds depuis 2006 chaque fois qu’il s’agit de les mettre en œuvre.

Les faits ainsi rapportés, reste que l’ANC et son patron doivent dire à leurs électeurs, à notre peuple et à la diaspora ce qu’est leur position exacte et ce qu’ils comptent entreprendre pour colmater les brèches, la réalité étant que l’oppostion qui, il n’y a pas très longtemps, se déclamait fierèment sous l’appellation CST, Arc-En-Ciel, s’est retrouvée subitement émiettée, profondement divisée sur la question des réformes. Le silence ne peut pas être une option, surtout pas dans le camp de l’ANC car, nous savons qu’au Togo, les mouches ont vite changé d’âne et qu’il y a toujours, aux moments fatidiques, des termites pour ronger les fondations de la démocratie, celle qui rend le pouvoir au peuple et libère ses horizons.


Par Kodjo Epou

REFORME DE LA CONSTITUTION L'OPPOSITION A CONTRE SENS


L’OPPOSITION TOGOLAISE BLOQUE LA REFORME CONSTITUTIONNELLE QU’ELLE PRETEND DEFENDRE
SUR FACEBBOK
           
UN FORMALISME EXCESSIF POUR EMPÊCHER LES REFORMES???
l'opposition togolaise réclame les reformes. elle l'a manifesté sérieusement pour la première fois en introduisant à l'assemblée une proposition de loi portant reforme constitutionnelle...
Au même moment elle empêche le débat d'évoluer en enfermant le projet dans un carcan formaliste sans tête ni queue.
En réalité les parlementaires de l'opposition veulent que leur proposition ne fasse l'objet d'aucune discussion en commission car le règlement intérieur de l'assemblée est muet sur la procédure d'adoption des reformes constitutionnelles.
Une fois encore et comme d'habitude, il ya beaucoup d'éléments qui militent contre leur position et ils le savent mieux que moi.
1: la jurisprudence: le dernier projet de loi portant révision constitutionnelle a fait l'objet de discussion en commission et personne n'a dit que si cet projet était voté, il le contesterait en raison de ce qu'il soit passé en commission
2: La commission qui devrait étudier la proposition s'appelle: commission des lois constitutionnelles.......; Un début de dénomination qui dit tout!
3: le bon sens et la nature du travail parlementaire est contre eux car le débat en plénière se fait après que le président de la commission qui a étudier le projet ou la proposition de loi ait présenté le rapport de l'étude. Qui ferait se travail si on fait selon ce que propose l'opposition parlementaire? pour finir,
4: le débat en commission permettra aux députés de discuter de long en large et de trouver un consensus avant que la loi ne passe en plénière faute de quoi je ne suis pas sûr que cette proposition connaisse un heureux aboutissement. je m'arrête ici bien qu'il y ait beaucoup d'autres éléments.
A bien y voir, le parti majoritaire qui prône le débat en commission avant la plénière opte pour cette voie pour que prédomine le consensus et l'ouverture afin la réforme puisse aboutir.
Devant ce comportement de nos opposants, une question se pose:
Quelles sont les raisons pour lesquels des gens qui, publiquement, prétendent demander quelque chose sont en train d'empêcher la même chose?

jeudi 25 décembre 2014

QUAND L'OPPOSITION SE DECHIRE SUR LA RETROACTIVITE


Entre l’ANC et le Comité d’action pour le renouveau (CAR), ce n’est pas la lune de miel. Ces deux formations politiques, les plus importantes de l’opposition togolaise s’affrontent par média interposé sur des sujets liés aux réformes constitutionnelles et institutionnelles et le choix du candidat unique de l’opposition.


Dans une interview accordée le 16 décembre dernier, Me Yawovi Agboyibo n’avait pas hésité à s’attaquer à la position défendue par les leaders de l’ANC en proposant d’accorder un nouveau et dernier mandat au président Faure Gnassingbé qui achève en 2015 son second quinquennat à la tête du Togo.

"La non-rétroactivité, dit-il, peut se concevoir pour le premier mandat que le Président Faure Gnassingbé a exercé de 2005 à 2010". "Elle ne peut en revanche s’appliquer au second mandat que le Président en exercice a débuté en 2010 et qui n’est pas révolu à ce jour", disait Me Yawovi Agboyibo qui a mis l’accent sur le fait que plusieurs responsables de CAP 2015 auraient déclaré sur des médias qu’il "n’existe pas d’obstacle juridique à ce que le Président en exercice brigue un nouveau mandat".

Réponse du berger à la bergère
Cette sortie du président d’honneur du CAR n’est pas du goût de Jean-Pierre Fabre qui a tenu à le faire savoir.

Dans une interview accordée à la presse, le porte-étendard de CAP2015, une coalition de formations politiques de l’opposition a estimé que Me Yawovi Agboyibo s’est "trompé". "Je comprends bien le droit. Me Agboyibo s’est trompé dans sa démonstration. Il se trompe, comme il s’est souvent trompé", a-t-il dégaine sans sommation.

Il qualifie de lamentable cette démonstration, du début jusqu’à la fin et préconise qu’on laisse la Cour constitutionnelle faire son travail. "Si la démonstration de Me Agboyibo - qui est un juriste - s’impose à ses collègues juristes de la Cour constitutionnelle, il n’y aura aucun problème", affirme le candidat aux prochaines élections présidentielles.
Reconnaîtra-t-il cette fois-ci une décision venant de cette cour ? A cette question, l’homme semble botter en touche lorsqu’il dit : "Quand la Cour constitutionnelle va se prononcer, on avisera".

Un autre cadre du CAR est également dans la ligne de mire de M. Fabre qui dénonce la capacité de celui-ci à "dire une chose le matin et son contraire le soir". "Je ne tiens pas à répondre à M. Jean Kissi, parce que je suis un homme sérieux. Je ne dis pas une chose et son contraire régulièrement. Et tout le monde peut suivre l’évolution de M. Kissi depuis environ deux ans. Leur politique s’exerce sur les radios. Au début, il disait : nous sommes pour la candidature unique, c’est avec ça que nous pouvons régler tous les problèmes. Après, la candidature unique n’est pas la panacée, nous sommes pour les réformes. S’ils sont réellement de l’opposition, ils doivent cesser de me vilipender régulièrement sur les radios et se tourner vers le parti au pouvoir. Les gens ont abandonné le terrain depuis longtemps pour ne vociférer que sur les radios. Ils ont bien vu les résultats. La politique se fait sur le terrain", décoche-t-il en direction des dirigeants du CAR.

Depuis quelques mois, l’opposition togolaise s’affronte sur les sujets d’actualité liés aux réformes constitutionnelles et institutionnelles et au choix d’un candidat unique pour la représenter aux élections à venir.

Habitués à abandonner la proie pour se battre autour de l’ombre, les leaders de cette opposition reviennent encore au-devant de la scène avec leurs sempiternelles querelles de chiffonniers et ceci à quelques mois des élections présidentielles. Comme quoi, chassez le naturel, il revient toujours en galopant.

vendredi 19 décembre 2014

QUAND LE JOURNALISME MILITANT DESINFORME

QUAND LE JOURNALISME MILITANT DESINFORME

Dans le fracas de la chute de Blaise Compaoré, toute une série d’activistes, analystes, journalistes et éditorialistes ont d’abord pensé non pas au bénéfice pour le Burkina Faso mais au bénéfice qu’eux pouvaient tirer de cet évènement. Comment être à leur tour les artisans de la réalisation de ce qu’ils ont nommé le « printemps africain » pour ensuite valoriser leur existence ?

En la matière, le Togo leur est paru comme une cible idéale. Dès lors, il faut trouver l’angle d’attaque, puisque le sujet de la limitation de mandat ne se pose pas de la même manière. En effet dans ce pays, la constitution ne limite pas le nombre de mandat. Cette difficulté a vite été contournée en parlant non plus de la constitution mais de la nécessité d’empêcher tout président de faire plus de deux mandats consécutifs. Cet argument a été usé jusqu’à la corde en posant systématiquement cette question à tous les invités y compris quand ceux-ci n’avaient aucun lien avec la sphère politique. Surtout en insistant, parfois lourdement, pour amener l’invité à dire ce qu’on souhaitait « Oui on ne doit pas pouvoir faire plus de deux mandats ». Il n’est naturellement pas question de respecter les textes constitutionnels en vigueur dans les pays qui ne limitent pas le nombre de mandats. Peu importe au fond, dès lors que ces constitutions ne sont pas conformes au paradigme de Ouagadougou.

Puis sur le Togo, ne pouvant faire l’analogie entre la longévité de Compaoré et celle du Président Togolais, il a été décidé de parler de présenter non plus sa longévité mais de celle cumulée entre lui et son père. En insistant bien entendu sur le fait qu’il était bien le fils de son père et en utilisant les mots suivants : famille, dynastie, clan, monarchie, règne éternel. Ces mots font partie du cahier des charges nécessaire pour tenir son rang de défenseur de la démocratie. Ceci au détriment de la réalité.

En effet, quelques réalités simples pourraient être rappelées sans verser dans la défense du régime togolais :

-          Le Président Faure  a rendu le pouvoir en 2005 sous la pression de la communauté internationale et a gagné les élections de 2005
-          Il a organisé avec l’opposition les élections législatives 2007 reconnues comme libres et transparentes
-          Il a récidivé en 2010 avec une présidentielle dont la transparence n’a pas été contestée par les observateur
-          Il a poursuivi en 2013 avec les législatives libres, transparentes

Toutes les élections depuis 2007 ont été pluralistes et n’ont connu aucune violence.

Il est possible d’être militant tout en étant journaliste mais il est parfaitement inconvenant d’être un professionnel qui occulte les faits, qui préfère rappeler des réalités biaisées tout en taisant complètement une part de la vérité parce que celle-ci ne correspond pas au tableau.

Ce militantisme affiché par ces journalistes les conduit parfois dans leur zèle à bâcler le travail comme cet article publié par un grand journal Français dont la correspondante est venue à Lomé faire un article dans le quel elle cite comme ministre de l’administration territoriale,  le mauvais nom ou quand elle  donne toujours le nom du RPT comme parti au pouvoir alors que ce parti n’existe plus.

Le sujet des réformes est un sujet politique qui peut être débattu sans nécessairement faire des amalgames familiaux ou des raccourcis étranges. Et c’est ce que l’assemblée nationale Togolaise fait. La décision revient désormais aux députés qui, rappelons le, n’ont pas de mandat impératif. Ils seront libres de leur choix indépendamment de toutes les opinions des éditorialistes et faiseurs d’opinion.

Joseph Veritay